- Tiens Spaulding, ça faisait longtemps !
Ca faisait quelques temps effectivement que j’avais pas été voir la psy.
J’enjambais quelques malades qui se roulaient par terre tandis que d’autres sautaient comme des crapauds en essayant d’avaler des mouches. Mais j’avais, dans le temps, déjà assisté à des Conseils
de Direction et il en fallait beaucoup plus pour m’impressionner.
J’entrais dans le bureau de la psy.
- Alors Spaulding quoi de neuf ?
Me dit-elle d’un ton réjoui. Ce faisant, elle croisa ses mains sur son ventre.
Je remarquais qu’elle avait pris un peu d’embonpoint. Mais juste sur le ventre ... sur le ventre. Je fixais de nouveau son ventre, et je sentis son regard amusé.
- Oui Spaulding, c’est bien cela
Je la regardais abasourdi.
- Mais vous m’aviez dit que vous ne vouliez pas d’enfants, que vous n’aviez aucun instinct maternel?
- Et vous l’avez cru Spaulding ?
Non bien sûr que je l’avais pas cru. L’instinct maternel n’existe que lorsque le bébé est là, à vous brailler dans les oreilles. Et instinct maternel ou pas si vous voulez arrêter cet
épouvantable klaxon, il n’y a pas d’autre moyen que de vous occuper de cette chose minuscule qui prend totalement le contrôle de votre vie.
- Mais vous savez qui est le père ?
Bon c’était un peu de la provoc, mais elle m’avait déjà fait mal en me disant qu’elle avait un homme dans sa vie et là elle en remettait une couche pour bien me montrer qu’elle était parfaitement
heureuse et épanouie
C’est sûr que si elle était enceinte c’était encore pour se venger de moi.
Elle répondit par un sourire.
- Oui je sais qui est le père, mais le père ne le sait pas.
Dit-elle d’un ton … très sûr d’elle.
Bon, ça devenait compliqué les histoires de la psy et je voulais tout de même que l’on s’occupe cinq minutes de mon cas.
- Alors c’est quoi votre problème Spaulding ?
- Je voudrais faire l’amour mais pas avec la personne que j’aime.
- Essayez plutôt de faire l’amour avec celle que vous aimez.
- Oui mais elle veut même pas mettre sa tête sur mon épaule alors je vous raconte pas pour le reste.
- Elle ne vous aime pas?
- En fait j’en sais rien mais je pense que …
- Spaulding, votre histoire me fatigue déjà .... Occupez vous de moi Spaulding !
- Mais vous êtes enceinte amoureuse de votre type et vous voulez que je m’occupe de vous … en plus?
- Cherchez pas à comprendre Spaulding. Soyez juste gentil, attentif. Comprenez d’un mot, d’un silence, d’un regard comment je suis. Regardez-moi bouger, écoutez mes pas,
imaginez et trompez-vous sur moi, laissez-vous vous embobiner dans mes étoffes, mes tissus et mes vernis … et vous serez heureux Spaulding.