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11 juin 2010 5 11 /06 /juin /2010 08:07

J’avais apporté un gâteau. Un bon gros gâteau, nappé de sucre blanc.
C’est qu’il me fallait la reconquérir la psy.
Après la séance qu’elle m’avait faite j’avais laissé passer quelques temps. Mais mes premiers appels pour un autre rendez-vous étaient tombés dans le vide.
Finalement elle m’avait fixé ce rendez-vous. D’après ce que je savais c’était l’heure de son dernier rendez-vous de la journée. Il y aurait donc possibilité de prendre le temps, tout le temps dont nous aurions besoin.
J’avais beaucoup réfléchi à ce quelle m’avait dit ou crié dans les oreilles. Je percevais mieux maintenant que l’intensité qu’elle mettait dans l’étude de nos émotions corporelles n’était pas qu’un professionnalisme froid.

Je m’en voulais de ne pas m’en être rendu compte plus tôt.
Mais en amour, il n’est jamais trop tard, je lui dirais mes sentiments avec sincérité et nous pourrons alors envisager une relation amoureuse harmonieuse, satisfaisante et durable pour nous deux.

Il n’y avait donc personne dans la salle d‘attente ce soir là. J’avoue ma satisfaction de ne pas y croiser de nouveau le Chevalier Orange.

J’attendais en feuilletant, sans le lire, un magazine. Lorsque j’entendis un bruit de chaise renversée et une chose bizarre se jeta sur mois, m’agrippa et je sentis une épée sur ma gorge.


Le Chevalier Orange ! Il était resté caché sous une chaise. Il me hurla dans les oreilles.

-    Tu l’aimes encore, hein salope !
-    Mais qui ?
-    Le Modem salope ! avoue que tu l’aimes encore le Modem, salope!
-    Mais cher monsieur absolument pas, je vous prie de croire qu’en la matière mes sentiments sont on ne peut plus clairs…

J’avais fait des études de psychologie et je savais très bien trouver les mots qui conviennent à ce genre de situation difficile.

La psy alertée sans doute par les cris du Chevalier Orange avait ouvert la porte de la salle d’attente.
   
-    Bibi ! dit-elle en lançant un regard noir au Chevalier Orange.

Bibi (c’était le surnom du Chevaler Orange)  relâcha son étreinte. Il alla se rassoir dans un coin sur une chaise.
C’était quand même triste de le voir ainsi, lui si brillant il y a encore peu de temps, maintenant prostré, et désormais même incapable de faire un billet correct par mois.

-    Spaulding !

La psy, d’un signe de tête, me fit, donc signe d’entrer dans son cabinet.
Elle regarda passer le gâteau, suivi de près par Spaulding.

Je posais enfin, je me débarrassais de ce gâteau, en le posant sur le bureau. Je sentais l’ambiance un peu électrique mais j’en avais vu d’autre et je savais comment faire pour décharger de tels orages.

Elle ne dit rien pendant un moment. Je pensais au doublement du tarif de la séance et je me décidais à commencer.
 
-    J’ai beaucoup réfléchi ces derniers temps
-    A quoi ?
-    à moi, à vous

Je la sentais attentive à ce que j’allais dire. Alors j’appuyais sur le bouton « sois sincère », et j’envoyais dans le grave mais quelque peu détaché de ce monde.

-    J’ai beaucoup appris avec vous, plus que je ne le pensais. J’ai progressé, muri. Je peux désormais vivre un amour vrai, un amour d’adulte. Mes anciens démons sont repartis rigoler ailleurs. Tout cela n’a pas de prix et  cet être nouveau que je suis c’est à vous totalement que je le dois, je suis votre … chef d’œuvre.

Je me demandais si, là,  je n'avais pas dit une connerie là. Mais peut-être n’avait-elle pas entendu. Et je me disais  que si elle était tombé amoureuse c’était sans doute plus de l’énergumène que de l’homme parfait que j’essayais de devenir. Je continuais.

-    Pour aimer une femme il m’a toujours fallu d’abord l’admirer.
-    Vous avez besoin d’admirer  pour aimer ?
-    Oui
-    Pourquoi ?
-    Ben c’est vous la psy
-    Spaulding, l’heure tourne
-    Vraiment j’en sais rien, c’est comme ça
-    Mais vous admirez souvent ?
-    Ben non

Je ressentis tout à coup une angoisse. Pour être logique et pour lui montrer mes sentiments il me fallait d’abord lui montrer que je l’admirais. Et j’avais beau essayer de dés enclencher le bouton « sois sincère », rien n’y faisait j’avais envie de me la faire, là maintenant et c’est tout.

Elle se leva de derrière son bureau, elle ne m’avait jamais apparu aussi sexy. Elle appuya une hanche sur le bureau. On entendit très clairement le bureau souffrir un peu  de la situation, et celui-ci se mit à ranger fébrilement quelques papiers pour se garder une certaine contenance.

Elle allongea le bras vers le gâteau. Parcourut la couche de sucre blanc avec son doigt, finit par en détacher un morceau. Le porta à sa bouche et le lécha avec volupté.

-    J’aime beaucoup votre gâteau Spaulding  

Je sentais mon émotion à son comble. J’allai me lever. La prendre dans mes bras. Elle appuierait sa tête contre mon épaule. Ma main rassurante parcourra ses cheveux et se posera sur sa nuque.
Alors se sentant protégée, apaisée et amoureuse, je sentirais quelque larmes arriver jusqu’à ses yeux.  


-    Oui Spaulding votre gâteau  me plait beaucoup. Mon nouvel ami, dont je suis éperdument amoureuse, aime beaucoup jouer avec ma bouche. Il aime beaucoup me bander les yeux en me faisant ingurgiter toutes sortes de choses. Mon corps abandonné et soumis totalement à son désir, votre gâteau Spaulding il me le fera manger jusqu’au dernier morceau. Son nappage de sucre blanc fondra par la chaleur de ma langue en feu, glissera lentement le long de mes lèvres et s’écoulera jusqu’au fond de ma gorge pendant que moi je toucherai les rives du bonheur.

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